Et si l’entrepreneuriat sauvait le Monde ?

 

Par Astrid Pralain d’Arcimoles, cofondatrice d’IfStart

 

Accompagner des entrepreneurs me rend très optimiste ces derniers mois. Malgré la crise sanitaire. Disons que je crois profondément en la résilience et en l’espèce humaine.

Chez IfStart, nous n’avions pas forcément vocation à accompagner des entreprises dites « à impact » ou « à mission ». Nous souhaitions simplement permettre à tous, peu importe le sexe, le budget, l’âge, le stade de développement du projet ou de l’entreprise ou encore la localisation géographique de trouver le soutien dont il ou elle a besoin, au moment où il ou elle en a besoin. C’est notre credo. C’est ce pour quoi nous nous levons chaque matin avec mes deux associés, Milena et Arnaud.

Mais ce que nous n’avions pas prévu, c’est que les trois-quarts des entreprises que nous accompagnerions se fixeraient comme objectif de concourir, à leur mesure et à leur manière, à un monde meilleur. Plus respectueux de l’environnement et donc de la planète, plus respectueux des autres aussi. Eco-mobilité, éco-conception, éco-consommation…

Est-ce que la crise sanitaire a amplifié le phénomène ? Sans aucun doute. Mais néanmoins cette prise de conscience est apparue chez beaucoup avant même le premier confinement. Et c’est d’ailleurs aussi ce qui me rend si confiante en l’avenir. Il ne s’agit pas seulement du contre-coup temporaire due à une crise qui nous a tous surpris. Bien sûr, beaucoup d’initiatives s’essouffleront. Mais c’est aussi le jeu de l’offre et de la demande. Aujourd’hui, si nous prenons le seul cas des commerces de centres-villes, il n’y a pas un jour sans qu’une nouvelle initiative ne voit le jour. Au-delà d’une offre désormais pléthorique pour digitaliser les commerces, ces initiatives ont le mérite d’exister, portées par des entrepreneurs qui souhaitent faire bouger les lignes. Et ce qui est certain c’est que grâce à certaines de ces initiatives, des commerçants arrivent à reprendre un peu leur souffle dans une crise qui ne les aura pas épargnés.

Par ailleurs, au-delà du sujet de santé publique ou de digitalisation des activités, beaucoup se sont également interrogé sur la dépendance de la France en matière de production et d’industrialisation. Les faits ne sont pas nouveaux mais ils ont été remis en lumière et de manière dramatique avec cette crise. Et cela pousse certains entrepreneurs à s’interroger sur comment produire à nouveau en France : du sourcing des matières premières, à la conception et au design ainsi qu’à la fabrication et la distribution jusqu’à la fin de vie d’un produit. Ce sont des filières entières qui sont repensées, à nouveau envisagées. Même si très souvent les coûts explosent et mettent en branle toute l’économie du projet. On le sait, c’est aujourd’hui très compliqué de produire en totalité en France ! Pourtant, de ma lucarne, le fait même de l’envisager est une petite victoire. Quand bien même il faudra du temps pour que cela devienne réalité.

Made in France

Alors, qui sont-ils ces entrepreneurs en quête de sens et qui me rendent si optimiste ?

Il y en a qui me ressemblent. Hommes ou femmes, peu importe mais devenu parents. Ils s’interrogent alors sur le monde qu’ils vont laisser à leurs enfants. D’une première expérience professionnelle, ils ressortent un peu désabusés, s’interrogeant sur l’impact réel de leur emploi sur le monde de demain. Être acteur et non spectateur, c’est aussi ce qu’ils expliquent à leurs enfants. Et les enfants d’aujourd’hui sont bien les adultes de demain. De ces premières expériences professionnelles, ils tirent une motivation à déplacer les montagnes.

D’autres sont issus de la génération Z. Vous savez, les jeunes tout juste sortis d’école, voire pas encore diplômés, les étudiants-entrepreneurs. Ils sont pétris de certitude -ça, c’est quelque fois un peu agaçant- mais ce qu’ils veulent c’est entreprendre et je ne peux que les y encourager avec enthousiasme et bienveillance ! Les notions de développement durable ou d’égalité sont acquises car ils ont grandi avec. Ce ne sont, il est vrai, pas les profils les plus faciles à accompagner mais ils me surprennent par leur agilité et leur volonté d’agir. Ils sont bien plus avertis sur les sujets sociétaux que ne l’était la génération précédente et cela se ressent fortement dans les projets qu’ils construisent.

Il y a encore 4 ans, peu d’entrepreneurs incluaient dans leur projet leur impact environnemental ou sociétal. Aujourd’hui, peu d’entrepreneurs ne le font pas. Il y a, à mon sens, une mutation des consciences.

étudiants entrepreneurs

Ecolo, mais pas que !

Néanmoins, soyons honnête et comme je l’ai lu sur Linkedin, « On peut être écolo et être un con ! ». Avoir une conscience sociale et environnementale aiguisée ne suffira pas à sauver le monde, ni à construire un projet entrepreneurial qui tient la route. Le cocktail gagnant est un peu plus subtil que cela et tient en grande partie à la personnalité de ces entrepreneurs, à leur capacité d’adaptation. Car l’entrepreneuriat est pour moi un formidable révélateur de talents. Au-delà de la prise de risque inhérente à tout projet entrepreneurial, entreprendre est un parcours du combattant aux défis innombrables. La crise sanitaire en est malheureusement un parfait exemple. Pourtant, nous avons vu très rapidement des entrepreneurs pivoter temporairement ou durablement, s’adapter à la nouvelle configuration du marché et proposer en un temps record une nouvelle offre. Qu’il ait 25, 40 ou 60 ans, l’entrepreneur se doit d’avoir la niaque, d’être agile et à l’écoute, d’être résolument optimiste -au moins tout autant que moi ! – pour croire suffisamment en lui, en son équipe et au projet qu’il porte.

Savez-vous qu’à la sortie du premier confinement et selon l’INSEE, le nombre de création d’entreprises avait immédiatement retrouvé son niveau d’avant le début de la crise ?

Donc, toujours de ma lucarne et en chaussant mes lunettes roses, je me permets de rêver qu’une révolution entrepreneuriale est en marche… Ça ne vous rend pas optimiste, vous ?

sauver le monde

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